Sponge my heart

J'en ai gros sur le coeur.

Je ne sais pas quoi penser de cette annee 2010. Si ce n'est que j'apprehende sa fin et m'en "rejouis" en meme temps. Si je ne pouvais qu'en garder de bons souvenirs, je n'y verrais que toi, ma fille, mon amour, mon petit rayon de soleil. Et j'oublierai la dure maladie et la mort de mon pere, les disputes avec la belle mere, le manque d'argent et les enguelades incessantes d'avec mon homme. J'oublierai aussi les travaux de notre maison qui n'avancent pas, les soucis de plomberie, la poussiere, l'humidite. 

J'ai eu mal cette annee. J'ai mal encore. Oui j'en ai gros sur le coeur.

J'ai remarque que j'étais souvent submergée par les évènements, ou les requêtes des autres. Je ne suis pas quelqu'un de très organisée, mais l'ironie est que je réagis plutôt mal a toutes ces choses de dernières minutes qui me tombent dessus. Ma première pensée est toujours: C'est trop dur, c'est trop tard, comment vais-je faire, je n'y arriverai pas. Plutôt défaitiste comme attitude. Et surtout infondée dans la plupart des cas. En regle générale je me sors plutôt bien de ces moments impromptus.

Et bien alors voila. J'aimerais bien prendre les choses avec plus de légèreté. Ne pas avoir l'impression que le ciel me tombe sur la tête a chaque fois que quelqu'un me demande de lui passer le sel.

Depuis que tu es parti, mes emotions me jouent des tours. Bon c'est vrai, elles etaient la avant. Quand j'etais ado - et ca remonte je sais -  toi et moi c'etait un peu la guerre. Maman ne disait jamais rien, comme si elle ne prenait pas partie. En retrospective son silence m'a fait plus de mal que de bien. Enfin bref.

Maintenant que tu n'es plus la, c'est difficile de te repprocher ce que je te reprochais avant. Peut etre que ces sentiments la ont ete remplaces par le manque de toi.

Maintenant il n'y a plus que ma mere. Ce qui m'amene a m'attarder sur notre relation a elle et moi. 
D'un regard exterieur, on nous verrait proches. Meme si on a l'air de l'etre. On ne l'est pas tant que ca. C'est regrettable.
Quand on se voit, on s'embrasse, on s'accole, et puisqu'elle est plus petite que moi, mes bras m'ont toujours donner cette impression de la proteger.

Mais c'est pas mon role. C'etait plutot le sien.

Ma mere elle m'a toujours paru etre une femme fragile, soumise presque. Mais elle est loin de l'etre. Elle n'est pas fragile ma mere. Elle est restee a cote de mon pere jusqu'a la fin, jusque dans ses souffrances, jusque dans ses derniers instants. J'etais la, je l'ai vu.

Je lui en veux. Pas de ca bien-sur. Mais d'autre chose. De ne pas avoir etais la pour moi. Quand j'ai eu 12 ans, j'ai eu le sentiment qu'elle m'ait abandonne. Je ne me le suis jamais vraiment avouer avant.

Mais c'est vrai, c'est bien ce que je ressens. De la colere. Contre elle.

Elle vient passer quelques semaines ici, bientot. J'apprehende pour la premiere fois ce temps a passe avec cette femme.

Ma mere. 

Le temps passe... deja. 

Et pourtant je n'ai jamais autant pense a toi. C'en est presque ironique. Ta "presence" me soulage et m'innonde tout a la fois. Tu comprends n'est ce pas? Ce besoin que j'ai de ne pas te laisser partir. Si tu quittes ma tete tout de toi me quittera.

Alors restes encore. Je m'occupe de dissiper ces larmes, pour l'instant. Je preferes bien mieux te sentir la, que de me faire a cette idee que tu n'es plus. 

Si tu savais tout ce que j'ai a te dire, a toi a qui je ne parlais pas vraiment.

Restes un peu s'il te plait.

Ou comme aujourd'hui ou j'ai juste un gout a rien. Et pourtant c'est pas faute d'essayer, une promenade dans le parc ce matin avec bebe et une amie, et cet apres-midi un petit tour dans un centre de jardinage pour regarder les decorations de Noel. Mais meme avec ca, le moral est un peu dans les chaussettes. Demain est un autre jour n'est-ce pas?

...Rien n'est simple. Rien ne se fixe a coup d'eponge. A part le lait qu'on a eclabousse sur la nappe en PVC. Mon papa est decede il a 2 mois (presque). Il est parti apres une longue bataille contre la maladie, mais il parti sans un bruit, a part celui de la douleur. J'etais la, a ses cotes, pres de son lit d'hopital. Dans cette chambre ou il faisait trop froid, ou les fenetres trop petites, etaient trop hautes pour qu'on puisse y voir au dehors. Et pourtant c'etait une journee magnifique. Le soleil brillait et le ciel n'arborait aucun nuage.
Je l'ai vu partir, dans un dernier souffle mais il n'etait deja presque plus la. J'etais venu de loin. La derniere fois qu'on s'etait vu, c'etait encore un homme fort. Mais quelques mois ont suffi a l'achever. Je n'ai pas d'autres mots.

De grandes quantites de morphine. C'est ce qu'ils ont donne a mon pere. Cet homme fier et grand. Je ne m'attendais pas a ce qu'il parte ce matin la. J'etais juste venu le voir avec ma mere. Je pensais qu'il aurait encore du temps. Pas quelques minutes ni quelques petits mots echanges au milieu des larmes.  Je ne m'attendais pas a voir son visage si osseux, deforme presque, par la souffrance de ces derniers mois. Quelle saloperie de maladie. Quelle claque dans la gueule. Je lui ai dis que je l'aimais, il m'a dit moi aussi et a murmure quelque chose puis il est parti. Les yeux ouverts, la bouche cherchant ses dernieres bouffees d'air. Quelle horreur.

Apres, on est rentre. Qu'est ce qu'on fait apres de toute facon. Mon frere est venu. On a mange un peu, on a bu. J'ai revu mon bebe. Je l'ai prise dans mes bras. On a cherche des pompes funebres dans les pages jaunes. Un peu comme on choisit un plombier. Papa a ete incinere quelques jours plus tard.

Mon bebe a pleure toute l'apres midi de ses grands yeux bleus-gris, comme ceux de mon papa. Plus tard on est reparti, chez nous, la bas. Evidemment avec un gout amer en moi.